Maurice Duruflé
(1902-1986)
Né en 1902 à Louviers, Maurice Duruflé fut un musicien extrêmement complet. Remarqué par Maurice Emmanuel que connaissait son père, il vint à Paris pour effectuer ses études d’orgue auprès de Charles Tournemire avant de recueillir l’héritage spirituel et technique de Louis Vierne dans les années 1920, puis d’Eugène Gigout, de Jean Gallon et de Paul Dukas qui sera son professeur de composition au Conservatoire de Paris. Ses camarades s’appelaient Olivier Messiaen, Jehan Alain, Tony Aubin, Georges Hugon pour ne citer que les plus connus.
Profondément attaché au chant grégorien, cet ancien élève de la maîtrise Sainte-Evode de Rouen allait devenir en quelques années un des musiciens les plus brillants de sa génération aux côtés d’une cohorte de jeunes talents à l’avenir prometteur qui se nommaient André Fleury, Jehan Alain, Gaston Litaize, Jean Langlais, Olivier Messiaen, Jean-Jacques Grunenwald, Daniel-Lesur. Tous ces compositeurs et interprètes formidablement doués allaient incarner la renaissance de l’orgue français dans les années 1930, servant un instrument néo-classique désormais plus souple, plus coloré, plus apte à traduire au plus près leur inspiration.
Nommé organiste de Saint-Etienne-du-Mont à Paris en 1930 après avoir remporté le Prix des Amis de l’Orgue, Duruflé a déjà à son actif un certain nombre d’œuvres d’inspiration sensible et raffinée, au langage déjà personnel, comme le Scherzo ou le Triptyque sur le Veni creator écrits pour l’orgue de Louviers. Le raffinement, l’équilibre, la perfection, c’est bien ce que recherchera toujours Maurice Duruflé, lui qui fut toute sa vie un homme discret et secret. Ecrivant peu et lentement, il combinera très habilement l’écriture polyphonique et symphonique, l’utilisation du chant grégorien et l’héritage impressionniste de ses aînés - Debussy, Dukas, Schmitt, Ravel et Gabriel Fauré - toujours fidèle à ce style modal inimitable et savoureux, souple et expressif, dont il allait tirer une sève riche et concentrée.
Jamais totalement satisfait de son ouvrage, possédant un sens auto-critique hors norme, Maurice Duruflé fut habité durant son existence d’un idéal artistique très pur et très élevé. Il a illustré dans son œuvre d’orgue les grandes formes traditionnelles : le Prélude, la Fugue, la Toccata, le Choral et variations, le Scherzo. Mais à chaque fois, il transcendera ces formes en livrant une œuvre achevée, ciselée, aussi parfaite que possible. Au travers de son œuvre religieuse il nous dit aussi sa foi profonde, tout particulièrement dans son admirable Requiem écrit en 1947.
Maurice Duruflé est mort en 1986.
La perfection de l’Art de Maurice Duruflé confère à son œuvre une valeur de premier ordre qui est aujourd’hui considérée comme classique.